Se connaître, et la peur disparaît
Denis Corpet, et le Réseau Mondial de Prière du Pape
« Prions pour que, en vivant une vraie communion, les paroisses soient de plus en plus des communautés de foi, de fraternité et d’accueil envers les plus démunis. »
Les paroissiens de la paroisse Saint-Étienne organisent chaque année, pendant l’Avent et le Carême, des repas avec les personnes de la rue. Une façon de faire connaissance, de faire tomber les appréhensions, peut-être aussi de voir dans ces visages usés par une vie de galère le visage du Christ.
Un dimanche de Carême ou d’Avent… On s’assied à table avec les personnes de la rue, on mange, on se parle. Concrètement, les paroissiens s’inscrivent à l’avance, et préparent un bon repas pour dix personnes, repas complet, bon et chaud. Le dimanche matin, ils l’apportent dans la salle paroissiale, dressent les tables sur des nappes blanches, et viennent servir l’apéritif aux invités. En quelques années, par le bouche à oreille, leur nombre est passé de 20 à plus de 80.
Comment se passe ce temps partagé ?
Comment voulez-vous que se passe un bon déjeuner du dimanche avec des invités ? C’est un moment heureux, tout simplement. Bon repas, belles tables, convives réjouis. Heureux de parler et de manger ensemble, de goûter des viandes savoureuses, de vider quelque bonne bouteille, de comparer les recettes des uns et des autres. On mange un peu trop, c’est sûr, mais on en sort revigoré, corps et cœur réchauffés. Une certaine image du paradis, comme les noces de Cana ou la parabole des invités au festin.
Soyons francs, nous avions « un peu peur » de rencontrer des gens « différents », peut-être bizarres ou violents. Mais nos invités sont polis, certains ont de la conversation, tous ont bon appétit et surtout… du cœur !
Les paroissiens sont toujours très touchés par cette rencontre : « Ce n’est pas tous les jours que je déjeune avec celui qui dort sous un pont ! C’est émouvant » ; « Certains invités n’ont pas hésité à nous aider à débarrasser à la fin du repas, et même à passer la serpillère ! » ; « Je pense avec émotion aux chemins de vie esquissés ou devinés, nous avons été très heureux d’être parmi vous tous. »
Émotion partagée, cœurs ragaillardis…
Comment cela vous touche, vous personnellement ?
D’abord c’est compliqué de préparer un bon repas complet pour 10-12 personnes, et le servir tout chaud loin de chez soi ; ça fatigue ! Heureusement on se relaye de dimanche en dimanche, ce qui fait que 100 ou 200 paroissiens ont goûté la peine et la joie de ce service, en comptant les enfants.
Nos invités sont souvent les mêmes, d’un dimanche sur l’autre, d’une année sur l’autre. Je reconnais les visages, je retiens des prénoms, je me souviens des situations. Maintenant, quand je croise dans la rue ces hommes engoncés dans une grosse parka, souvent suivis d’un chien, je n’ai plus peur. J’ose un sourire, on se parle un peu, on prend des nouvelles. Quelques-uns sont devenus des amis, que je vais saluer même quand je ne suis pas de service. Vraiment je suis heureux et fier de participer à ces repas, mais sans me leurrer… Après ces heures chaleureuses, nous rejoignons nos logis douillets et ils retournent à leur vie de galère.
Denis Corpet, et le Réseau Mondial de Prière du Pape France