Si tu veux la paix…
Daniel Vigne
Daniel Vigne, Président de l’Association des Amis de Lanza del Vasto (1901-1981) est également philosophe et théologien, il enseigne la Patristique à l’Institut Catholique de Toulouse. Pour nous aider à prier
« Pour que les disciples de Jésus, les croyants et les personnes de bonne volonté favorisent ensemble la paix et la justice dans le monde »
il nous livre sa réflexion sur la paix. Puissions-nous être touchés par ses paroles afin que nous soyons toujours davantage des serviteurs de la paix.
Si tu veux la paix, que faire ? Les Romains répondaient : prépare la guerre. C’est ainsi que depuis la nuit des temps, les peuples et les empires se menacent les uns les autres avec des moyens toujours plus destructeurs, au nom de leur sécurité. Chacun tient le même discours : nous devons faire peur pour ne pas être attaqués.
L’histoire montre cependant que la préparation de la guerre est loin d’assurer la paix. Au contraire, en augmentant toujours son potentiel de destruction pour effrayer d’éventuels agresseurs, chacun aggrave la méfiance générale, donc le risque de conflit. Un jour ou l’autre, un des belligérants rompt le prétendu « équilibre » de la terreur. Alors plus rien n’arrête le déchaînement de violence qui en découle. Deux guerres mondiales ont montré l’horreur qui en résultait.
La paix « telle que le monde la donne » est malade, car hantée par la peur. Elle est trompeuse et peut à tout moment dégénérer. Le pape François, à Hiroshima, a lancé un cri puissant et inoubliable. Il nous a alertés contre le mirage d’une sécurité illusoire, qui supposerait la possession de bombes capables d’anéantir des millions de personnes. Car si commettre de tels massacres est immoral, les « préparer » ne l’est pas moins !
En tant que chrétiens, notre vocation est d’ouvrir les voies d’une paix véritable. Non cette paix trompeuse qui brandit la menace, et qui est une guerre latente, mais celle qui repose sur l’entente et la confiance. Un tel progrès est possible : les relations entre pays européens, après des siècles de guerres, en sont une preuve et un signe. Quand réussirons-nous à étendre ce modèle, à éteindre partout les feux qui dévastaient autrefois notre continent ?
Si nous voulons vraiment la paix, nous devons prendre de nouveaux chemins. Lesquels ? J’ai connu un grand homme, chrétien et catholique, qui avait reçu de Gandhi des réponses à cet immense problème. Lanza del Vasto (1901-1981), après son célèbre Pèlerinage aux sources, voua toute sa vie à faire connaître la Non-violence active, autrement dit l’Amour, seule force capable de guérir le mal qui ronge le monde et menace de le détruire.
Celui que Gandhi appelait le « Serviteur de paix » a encore aujourd’hui beaucoup à nous dire. Unie à celle du pape François, sa voix nous interpelle : « Si tu ne veux pas la guerre, répare la paix ». Oui, soigne cette paix. N’accepte pas qu’elle soit une guerre qui se cache et qui peut éclater à tout moment. Sois de ceux qui ont la paix en eux-mêmes, qui la donnent aux autres, qui la « font » et la fondent. Pour cela, ta première arme, c’est la prière.
Daniel Vigne