La grâce de la fraternité
François Remaury
50 années de sacerdoce donnent du recul pour aborder ce sujet difficile qu’est le défi de ce mois. C’est pourquoi le Père François Remaury, aujourd’hui retraité et vicaire dans une grande paroisse, nous partage sa relecture de vie.
« Peut-être faudrait-il commencer par dire que le prêtre n’a pas pour habitude de se plaindre, étant d’abord dans le souci des autres ; c’est du moins ce qui lui semble prioritaire par vocation et ministère.
Au début de mon ministère diaconal et presbytéral, j’ai toujours vécu en communauté de prêtres, de 1967 à 1998 ; la solitude ou la fatigue, même si elles étaient là de temps en temps, ne furent vraiment pas une épreuve. Par la suite, vivant seul dans un presbytère, je ne me suis jamais senti abandonné. Tant de rencontres, de partages avec les laïcs en responsabilité, ou avec des paroissiens, parfois devenus des amis, m’ont empêché de me sentir isolé.
De plus, il y a les rencontres hebdomadaires avec les confrères voisins autour d’un repas le plus souvent. Le doyen, ce que j’ai été pendant des années, a justement pour charge de veiller à la santé et au bien-être des prêtres de son doyenné. Cela a toujours été vécu comme une grâce de fraternité, avec bien sûr des débats parfois vifs.
L’évêque et son conseil ont toujours eu ce souci de la vie des prêtres en doyenné, même si les nominations ne le favorisent pas automatiquement… Difficile gestion du personnel qui suppose que le vicaire général soit une sorte de D.R.H. Par ailleurs, depuis plus de vingt ans, un comité de laïcs chargé de la protection sociale apportent un soutien efficace aux prêtres malades, chez eux, en hôpital ou maison de repos. Tout cela montre bien que les diocèses s’organisent pour aider les prêtres à affronter leur éventuelle solitude. Mais ce n’est pas facile, car nous sommes des célibataires défendant notre pré carré, et orgueilleux de notre autosuffisance -nous sommes bien du siècle … des séculiers-.
La grâce est de vivre en Église, de ne pas manquer d’amis, et pour ma part d’avoir une vie de famille nombreuse et affectueuse. Le chantier sera toujours ouvert pour améliorer la prise en charge de la fragilité de nos vies, les uns par les autres et en communion ecclésiale.
Prêtres, nous ne sommes guère différents de nos sœurs et de nos frères humains. C’est une joie de le constater. »
François Remaury,
prêtre au diocèse de Toulouse depuis le 1er Juin 1968