Sortir les femmes migrantes des réseaux de prostitution et de traite.
Les sœurs de Porta San Giacomo
Les Sœurs Franciscaines des Pauvres travaillent en réseau pour prévenir la traite des migrantes qui arrivent en Italie. Leur témoignage éclaire l’intention de ce mois
« Prions pour les femmes victimes de violence afin qu’elles soient protégées par la société et que leurs souffrances soient prises en compte et écoutées. »
Ce nouvel esclavage est une des principales sources de violence faites aux femmes. A Porta San Giacomo en Italie, les Sœurs ne ménagent pas leurs efforts ni leur espérance d’éradiquer ce fléau. Elles croient aux petits pas et aux petits gestes, porteurs de germes de vie.
« …Dans les flux migratoires des demandeurs d’asile et dans le système de régularisation, les trafiquants ont vu la possibilité d’introduire leurs victimes en les faisant arriver dans les camps d’accueil pour qu’elles demandent un permis de séjour régulier. Pendant qu’elles attendent que leur demande soit évaluée, leurs exploiteurs les obligent déjà à se prostituer afin de rembourser la dette contractée pour payer les frais de voyage. D’autres filles, avant même qu’elles ne se rendent compte de ce que veut dire quitter un lieu qui devrait les protéger, sont identifiées par une femme exploiteuse qui, en personne ou par l’intermédiaire de complices, les attend à l’extérieur des camps pour les initier à la prostitution sur notre territoire ou dans d’autres pays européens où elles sont envoyées clandestinement.
Nous, les Sœurs Franciscaines des Pauvres, nous nous sommes interrogées sur comment répondre à cette nouvelle urgence humanitaire. Nous répondons, dans le cadre du Projet Miriam, par un double engagement.
Premièrement, nous sommes engagées avec d’autres personnes agissant sur le territoire dans un travail de réflexion et de nouveaux projets pour identifier les situations de vulnérabilité et aider effectivement ces femmes. Afin d’élargir notre horizon et de renforcer nos activités de plaidoyer, nous participons aussi aux différents réseaux nationaux et internationaux, par exemple Renate (Réseau de religieuses en Europe contre la traite et l’exploitation).
Deuxièmement, nous avons accueilli concrètement un bon nombre de femmes très jeunes demandant l’asile politique, que nous avons identifiées dans les camps d’accueil comme étant des victimes de la traite ou fortement exposées au risque d’exploitation.
En arrivant à Porta S. Giacomo, un nouveau parcours commence pour elles et pour nous. La plus grande difficulté pour les filles, c’est de se trouver face à une réalité très différente par rapport à leurs attentes. Les filles gardent l’illusion qu’en Italie, on peut tout obtenir gratuitement. C’est pourquoi nous, qui restons près d’elles, devons trouver le moyen de leur faire comprendre quelles sont les ressources réelles qu’offre le territoire et quels sont les risques qu’elles encourent. Nous les accompagnons en leur expliquant que ce que nous pouvons offrir est un parcours qui non seulement présente des opportunités, mais qui demande aussi de leur part un engagement personnel pour renforcer leurs capacités et acquérir de nouvelles compétences.
Reconnaître chez les filles que nous accueillons, de petits signes nous indiquant leur capacité de capter, de s’accueillir les unes les autres, d’exprimer la gratitude, d’assumer l’engagement à rester dans cette réalité le temps qu’il faut et de la façon adéquate, c’est là notre joie.
Notre force, c’est la confiance envers le Seigneur de la Vie qui nous donne la possibilité de servir ces femmes avec gratuité et d’être témoins de petites et grandes transformations de vie. Nous ressentons la joie et l’engagement qu’éprouvent les agriculteurs qui prennent soin avec amour des semences afin qu’elles puissent porter de nouveaux bourgeons et de nouveaux fruits de transformation et de Nouvelle Vie. »
Les sœurs de Porta San Giacomo
Publication de cet article avec l’aimable autorisation des Sœurs
