Travail et repos dans la mission du disciple
P. Jean-Marie Dezon, Equipe FranceLes prêtres, disciples par excellence, vivent leur mission pastorale au milieu du monde entre joies et peines. Notre Pape porte leur souci et nous appelle à prier ‟pour que ceux qui souffrent de la fatigue et de la solitude dans leur travail pastoral soient aidés et consolés par l’amitié du Seigneur et de leurs frères.”
Nous vous proposons un itinéraire biblique en trois pas pour entrer dans la prière et l’action.
La Bible ne manque pas de nous révéler que l’existence de l’homme est alternativement souci et quiétude, travail et repos.
Certes, partout dans la Bible l’homme est au travail, donnée fondamentale de l’existence humaine. Mais voici que dès les premières pages du livre de la Genèse, le travail se trouve immédiatement et profondément atteint par le péché : A la sueur de ton visage, tu mangeras ton pain (Gn 3,19).
Cependant la venue du Christ vient projeter sur le travail, les paradoxes et les lumières de l’Évangile.
Le travail dans le Nouveau Testament est à la fois magnifié et comme « traité de haut ». Il est magnifié par l’exemple de Jésus, ouvrier et fils d’ouvrier (Mc 6,3 ; Mt 13,55), mais aussi par l’exemple de l’Apôtre Paul qui travaille de ses mains (Ac 18,3 ; 1Co 4,12). Cependant, lorsque les évangiles emploient le mot « travail », c’est surtout pour désigner les œuvres auxquelles il faut s’appliquer, et ce sont celles de Dieu.
Lorsqu’il choisit et appelle ses disciples, Jésus est attentif aux métiers qu’ils exercent (Mt 4,16) ; et tout au long de son ministère il ne craint pas de présenter l’apostolat comme un travail : celui de la moisson (Mt 9,37 ; Jn 4,38), de la pêche (Mt 4,19), etc.
Si la réalité du travail est omniprésente dans la Bible, celle du repos ne l’est pas moins, aussi bien dans le cours de l’histoire d’Israël que dans l’enseignement de Jésus, vrai homme et vrai Dieu. A l’encontre des pharisiens, Jésus donne le sens profond du sabbat, affirmant que « le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat », et donc pour sauver la vie : le repos du sabbat doit signifier la libération de l’homme et exalter la gloire du Créateur. Jésus donne à ce signe son vrai sens en guérissant ce jour-là les malades : ainsi « libère »-t-il la femme « liée » depuis de nombreuses années (Lc 13,16). Durant sa vie publique, Jésus, fatigué par la marche, ne craint pas lui-même de prendre du repos (Jn 4,6), de se retirer à l’écart pour prier, de se ressourcer au désert ou dans les longues veilles apaisantes de la nuit. Et c’est bien souvent qu’il recommande aux disciples qui partagent sa mission de s’asseoir un peu et de prendre du repos.
PAS 1 : La moisson est abondante
Voyant les foules, Jésus fut pris de pitié pour elles, parce qu’elles étaient harassées et prostrées comme des brebis qui n’ont pas de berger. Alors il dit à ses disciples : ‟La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux ; priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson.” Matthieu 9,36-37
Le travail du Christ et des ouvriers de la moisson est de secourir dans la joie les brebis fatiguées. Mais, face à l’ampleur de la tâche, ceux qui sont envoyés par Jésus ont à faire preuve de générosité et de confiance. Et tous ceux qui portent le nom de « chrétiens » ont à prier le Maître de la moisson : c’est Lui qui, sans jamais se lasser, est toujours à l’œuvre.
Ai-je le souci d’accompagner de ma prière, mais aussi de mon amitié et de ma présence fraternelle, les prêtres au service des fidèles qui lui sont confiés ? Ai-je conscience qu’ils portent parfois une lourde solitude, ou des charges qui pourraient être d’avantage partagées ?
PAS 2 : Retrouve le repos, mon âme
Le Seigneur est bienveillant et juste ; notre Dieu fait miséricorde. Le Seigneur garde les gens simples : j’étais faible, il m’a sauvé. Retrouve le repos mon âme, car le Seigneur t’a fait du bien. Tu m’as délivré de la mort, tu as préservé mes yeux des larmes et mes pieds de la chute. Psaume 116,5-8
Le psalmiste a connu peine et tribulation, détresse et douleur. Malgré la tentation du découragement, il s’est tourné vers le Seigneur pour faire monter vers Lui le cri de sa prière. C’est alors qu’il peut rendre grâce au Seigneur, reconnaissant que tout repos et toute paix viennent de Lui.
Suis-je sensible aux besoins spirituels des prêtres, mais aussi à la peine qu’ils peuvent éprouver au coeur de leur ministère, aux tentations de découragement ? M’arrive-t-il de leur offrir l’hospitalité de ma maison, ou de les inviter à venir prier chez moi ?
PAS 3 : Reposez-vous un peu
Les apôtres se réunissent auprès de Jésus et ils lui rapportèrent tout ce qu’ils avaient fait et ce qu’ils avaient enseigné. Il leur dit : ‟ Vous autres, venez à l’écart dans un lieu désert et reposez-vous un peu.” Car il y avait beaucoup de monde qui venait et repartait, et eux n’avaient pas même le temps de manger. Marc 6, 30-31
Jésus se fait attentif et prévenant à l’égard des disciples qui le suivent et prennent part à son ministère. L’accent est mis, tout particulièrement par l’évangéliste Marc, sur la relation du Christ à ses apôtres : le souci du Maître pour eux se manifeste dans son enseignement, mais aussi dans ses interpellations ou ses encouragements, dans l’invitation à refaire leurs forces en prenant un peu de repos.
M’arrive-t-il d’exprimer à tel ou tel prêtre que je rencontre ou que je connais, mes encouragements, mon amitié ? Suis-je attentif à lui apporter le réconfort ou le soutien dont il peut avoir besoin ? M’arrive-t-il de lui manifester mon estime, ou de lui proposer mon aide ?
Jean-Marie Dezon, Equipe France