Trois pas dans la Bible, pour contempler les fruits de la vieillesse
Sœur Chantal de La Forge, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France« Prions pour les personnes âgées, qui représentent les racines et la mémoire d’un peuple, afin que leur expérience et leur sagesse aident les plus jeunes à regarder l’avenir avec espérance et responsabilité. »
« Prends pitié de moi Seigneur, je suis dans la détresse…
Ma vie s’achève dans les larmes et mes années dans les souffrances…
On m’ignore comme un mort oublié, comme une chose qu’on jette… » Ps 30,10-13
Ce cri du psalmiste n’est-il pas le cri de beaucoup de nos aînés, dont nos sociétés ont souvent fait des « objets de rebus » ? Des « objets » qui ont certes «servi» en leur temps, mais qui sont devenus inutiles, voire gênants et même parfois des « encombrants », dans un monde où l’efficacité, le rendement et la vitesse sont rois. Ces personnes âgées peuvent aussi être « utiles », et même « rentables », dans la mesure où elles deviennent des « objets de commerce » au service d’actionnaires de certains Ehpad de luxe.
Et pourtant j’entends un autre écho dans le psaume 92 :
« Vieillissant, il fructifie encore, plein de sève et de verdeur,
Pour annoncer : le Seigneur est droit, pas de ruse en Dieu, mon rocher ! »
Demandons à l’Esprit Saint de nous donner ce regard du Psalmiste qui nous permettra de discerner en chaque personne âgée, le Visage du Seigneur.
Pas 1 – Apparition à Abraham et Sara, au chêne de Mambré

« Je reviendrai vers toi l’an prochain, alors ta femme Sara aura un fils. »
Sara écoutait à l’entrée de la tente…Or Abraham et Sara étaient vieux, avancés en âge et Sara avait cessé d’avoir ce qu’ont les femmes. Donc Sara rit en elle-même, se disant : « Maintenant que je suis usée, je connaîtrai le plaisir ! Et mon mari qui est un vieillard ! » Mais le Seigneur dit à Abraham « Pourquoi Sara a-t-elle ri ? Y a-t-il rien de trop merveilleux pour Dieu ? » Genèse 18, 10-14 (Traduction liturgique)
A la grande souffrance d’Abraham, « mon Seigneur, je m’en vais sans enfant, tu ne m’as pas donné de descendance », Dieu répond par une promesse : « Lève les yeux au ciel, dénombre les étoiles, telle sera ta postérité ». Et Abraham croit en la Parole créatrice de Dieu. Mais les années passent et la foi de ce couple est mise à l’épreuve. Ils essaient d’y pourvoir à travers la naissance d’Ismaël, mais telle n’était pas la promesse de Dieu ! Et voilà que cette promesse s’accomplit alors que tous deux sont des vieillards, car « rien n’est impossible à Dieu ».
Qu’en est-il de ma confiance en Dieu, en sa Parole, en ses promesses ?
« Vieillissant, il fructifie encore… » Est-ce bien là mon espérance en me regardant moi-même si je fais partie des aînés, ou en regardant les personnes âgées qui m’entourent.
Je demande à l’Esprit Saint qui fait toutes choses nouvelles une foi indéfectible en la Parole et en la valeur de tout être humain.
Pas 2 – Éli et Samuel

« Un jour, Eli était couché à sa place, ses yeux commençaient à faiblir et il ne pouvait plus voir… le jeune Samuel était couché dans le sanctuaire…Le Seigneur appela Samuel… Il se leva, alla vers Eli « me voici puisque tu m’as appelé ». […] Eli comprit que c’était Yahvé qui appelait l’enfant et dit à Samuel : « Va te coucher et s’il arrive qu’il t’appelle, tu diras : parle Seigneur, ton serviteur écoute. » 1 Samuel, 3, 2-9 (Traduction liturgique)
A trois reprises le Seigneur appelle Samuel, et il va falloir toute l’écoute et le discernement du prêtre Éli, très avancé en âge, pour découvrir lui-même la voix du Seigneur et aider Samuel à la reconnaître et à répondre à son appel.
J’entends à travers ce texte, ce proverbe africain : « L’ancien qui est assis voit plus loin que le jeune qui est debout. »
Quelle est mon écoute, mon écoute des « anciens » en particulier ?
Je pense à ce que j’ai reçu, compris grâce à la parole, l’attitude, le témoignage et les conseils de certaines personnes plus âgées.
J’en rends grâce au Seigneur et peut-être vais-je me sentir appelé à écrire, téléphoner ou visiter l’une d’elles pour lui dire ce qu’elle m’a apporté.
Pas 3 – Présentation de Jésus au Temple, reçu par Syméon et Anne

« Poussé par l’Esprit, Syméon vint au Temple. Les parents y entraient avec l’enfant Jésus pour accomplir les rites de la loi qui le concernaient. Syméon prit l’enfant dans ses bras et il bénit Dieu en disant : Maintenant tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut.
Il y avait une femme qui était prophète, Anne, fille de Phanuel… Elle avait atteint l’âge de 84 ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. S’approchant d’eux, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance d’Israël. » Luc 2, 27-30 36-38 (Traduction liturgique)
Un couple de pauvres et leur enfant, ayant pour seule offrande un couple de tourterelles et deux petites colombes. Tout, pour passer inaperçus.
Il faut ces deux vieillards, homme et femme de prière, habités et conduits par l’Esprit pour accueillir, reconnaître, rejoindre le mystère au-delà de l’apparence, s’émerveiller, bénir Dieu, proclamer ses louanges et parler de cet enfant à tous ceux qui attendent une délivrance.
Je contemple ces deux vieillards, conduits par l’Esprit. Je regarde la façon dont ils accueillent cette famille, ce tout-petit, la confiance et la joie profonde qui les habitent.
Quel appel pour moi à accueillir la sagesse et le discernement des personnes âgées, à faire appel à leur prière et à leur témoignage lourd d’humanité et de foi ?
Chantal de La Forge, Sœur du Cénacle, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France
« Quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. » (Jean 21,18): importants mots du Seigneur à saint Pierre.