Trois pas dans la Bible, pour porter avec confiance le souci du travail
Père Jean-Marie Dezon, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France« Prions pour les petits et moyens entrepreneurs, durement touchés par la crise économique et sociale. Qu’ils puissent trouver les moyens nécessaires à la poursuite de leur activité au service de leurs communautés. »
Prise en sa totalité, la Bible nous introduit dans la réalité du travail, de sa valeur comme de sa peine. Si elle est sévère à l’égard de l’oisiveté, la Bible en revanche sait apprécier le travail bien fait, l’habileté et le cœur à l’ouvrage du laboureur, du forgeron ou du potier (Siracide 38,26.28.30).
Cependant, si le travail est une donnée fondamentale de l’existence humaine, il se trouve immédiatement et profondément atteint par la peine et la fatigue : A la sueur de ton visage tu mangeras ton pain (Genèse 3,19). Parfois pénible ou douloureux, le travail est encore dans notre monde un des terrains où l’adversité déploie largement sa puissance. Arbitraire, violence, injustice, rapacité font constamment du travail non seulement un poids accablant, mais un lieu de conflits et de divisions : ouvriers frustrés de leur salaire (Jérémie 22,13), paysans dépouillés par l’impôt (Amos 5,11), populations soumises à la corvée par un gouvernement ennemi (2 Sam. 12,31).
La Bible exhorte au service et au travail qui participent à l’œuvre de Dieu même, mais elle reconnaît que cela génère en l’homme du souci. Le souci, c’est d’abord le soin que l’on apporte à l’accomplissement d’un travail ou d’une mission. La Bible admire et recommande cette présence intelligente et active de l’homme à toutes ses tâches, que ce soit dans le cadre de la maison (Proverbes 31,10-31), du métier, ou encore des responsabilités publiques (Siracide 50,1-4).
Le lecteur sera peut-être surpris de constater un relatif silence sur le travail dans le Nouveau Testament. Cependant, le Christ-Jésus, en sauvant l’homme, donne au travail sa pleine valeur. En instaurant « le royaume qui n’est pas de ce monde » mais s’y trouve comme un ferment, il rend sa qualité spirituelle au travail, lui donne les dimensions de la charité et fonde les relations engendrées par ce travail sur le principe nouveau de la fraternité dans le Christ.
Pas 1 – La valeur sociale du travail

Tous ceux-là font confiance à leurs mains et chacun est habile dans son propre métier. Sans eux il ne se bâtit pas de ville, on n’y habiterait pas, on n’y circulerait pas… Ils affermiront la création éternelle. Siracide 38,31-32.34
Le sage fait le constat de l’habileté de tous ceux qui exercent un métier qu’ils mettent au service de leurs contemporains : charpentiers, forgerons, potiers, etc. Sans leur savoir-faire, mais aussi leur ardeur à la tâche, leur souci d’autrui, leur abnégation, « il ne se bâtirait pas de ville ». Si « le sage » se targue d’une certaine supériorité sur l’artisan, il n’en reconnaît pas moins que ce dernier poursuit l’œuvre créatrice, édificatrice de Dieu-même.
Au cœur de mon investissement dans mon travail, à quelque niveau d’engagement social ou humain, voire économique, que ce soit, quelles sont mes joies, mes convictions, mes espérances, mes solidarités ? Mais aussi, quelles sont mes peines, mes inquiétudes, mes difficultés.
Quels sont les lieux où je peux dire mes joies ?
Quels sont mes soutiens quand je connais des difficultés ?
Pas 2 – Éloge d’un grand homme

C’est Simon fils d’Onias, le grand prêtre, qui pendant sa vie répara la Maison et durant ses jours consolida le sanctuaire… Durant ses jours fut creusé le réservoir des eaux, un bassin dont le périmètre était comme celui de la Mer. Soucieux de préserver son peuple de la ruine, il fortifia la ville contre un siège. De quelle gloire il brillait quand il faisait le tour du sanctuaire ! Siracide 50,1-4
Le livre du Siracide (ou « Ecclésiastique ») compte de nombreux chapitres faisant l’ « éloge des Pères » : Faisons donc l’éloge des hommes illustres, de nos pères, dans leur générations (44,1). Parmi eux, Simon, fils d’Onias. A cette époque, le grand prêtre est le chef religieux et politique de la communauté. Simon œuvre pour réparer le sanctuaire ; ce faisant, il sollicite les ouvriers les plus compétents, prend soin du peuple tout entier, veille à sa cohésion, sa vie et sa sécurité.
Comment je mets les dons qui sont les miens au service du bien commun, de la fraternité, de l’engagement social ?
Ai-je un esprit d’entreprise qui puisse concilier justice sociale, solidarité et souci économique pour prendre soin de ma famille et de tous ceux qui me sont confiés ?
Pas 3 – L’activité au service du bien et par amour

Vous vous rappelez, frères, nos peines et nos fatigues : c’est en travaillant nuit et jour pour n’être à la charge d’aucun de vous, que nous vous avons annoncé l’Évangile… Nous nous sommes conduits envers vous de manière sainte, juste, irréprochable. 1 Thessaloniciens 2,9-10
Investi par le Christ de la mission d’annoncer l’Évangile, l’apôtre Paul n’en néglige pas pour autant ses responsabilités sociales et professionnelles, afin que toute chose s’accomplisse et se vive dans la droiture et la justice, qui sont elles-mêmes source de paix. La solidarité avec chacun, dans la prise en charge d’un travail et le souci du bien commun, est une attitude évangélique recommandée par saint Paul, qui ne manque pas non plus de dire sa profonde reconnaissance à ceux qui ont eu à cœur de le soutenir.
Quels sont les moyens à ma disposition pour concilier exigence évangélique et activité professionnelle entraînant des choix sociaux, économiques, écologiques parfois difficiles à suivre ou à prendre ?
Quels sont mes lieux de ressourcement ?
Est-ce que l’Église, par le biais de sa doctrine sociale, éclaire mon nécessaire discernement personnel dans les responsabilités professionnelles qui sont les miennes ?
Père Jean-Marie Dezon, diocèse de Gap, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France
POUR PRIER AVEC LA PAROLE DE DIEU :
Prier et méditer sur l’évangile du Bon Pasteur (Jean 10, 11-15).