Trois pas dans la bible
pour s’unir à la souffrance des victimes
Daniel Régent sj., Réseau Mondial de Prière du Pape en France En mars, nous prions pour tous ceux qui souffrent à cause du mal commis par des membres de la communauté ecclésiale : afin qu’ils puissent trouver dans l’Église elle-même une réponse concrète à leur douleur et à leur souffrance.
Les abus dans l’Écriture sont nombreux. Elle n’est pas un récit édifiant, elle dit comment Dieu chemine avec l’humanité pécheresse pour qu’« amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent » (Ps 84,11). La souffrance psychique éprouvée par les victimes restait secrète. Sa prise en compte s’est développée avec les sciences humaines à partir du XIXe siècle.
La souffrance exprimée dans l’Écriture est celle de l’homme qui se sent abandonné de Dieu, aux prises avec des ennemis ou la maladie. Les psaumes et le livre de Job en font écho. Ces cris s’adressent à Dieu : une confiance en lui demeure.
Premier pas : l’épreuve de Job

Job a perdu ses enfants et sa fortune (Jb 1) ainsi que la santé (Jb 2). Il ne maudit pas Dieu comme le lui conseille sa femme. « Si nous accueillons le bonheur comme venant de Dieu, comment ne pas accueillir de même le malheur ! » (Jb 2,1-10) ; mais il maudit le jour de sa naissance (Jb 3,1).
« Ah ! Si l’on pouvait peser mon affliction, et sur la balance mettre aussi ma détresse ! Mais elles sont plus pesantes que le sable des mers. C’est pourquoi mes paroles s’étranglent. Les flèches du Puissant me transpercent, c’est leur venin que boit mon esprit. (…) Ah, si seulement se réalisait ma requête, si Dieu répondait à mon attente, si Dieu consentait à me broyer, s’il étendait sa main et me retranchait ! J’aurais du moins la consolation – sursaut de joie dans une torture insoutenable – de n’avoir pas renié les décrets du Dieu Saint » (Jb 6, 2…10).
Job voit la mort comme seule issue possible à son malheur. Il ne l’appelle pas, mais la demande à Dieu. Les victimes d’abus sévères portent la mort en eux. Souvent ils n’ont ni le souvenir conscient ni les mots pour parler comme Job peut le faire ici.
Je présente à Dieu les épreuves sévères de ma vie et je prie pour ceux qui sont dans le silence de la mort.
Deuxième pas : la parabole du bon Samaritain

« Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort. (…) Un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion. Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui » (Lc 10,30-34).
L’homme blessé, traumatisé, ne s’exprime plus. Le Samaritain le soigne, puis il le mène à l’auberge sans cesser sa sollicitude ; à l’auberge du bon Dieu pourrait-on dire. Deux étapes complémentaires se révèlent : l’attention humaine, première ; et la remise à Dieu, nécessaire elle aussi.
Je prie pour que la solidarité humaine s’enracine dans la miséricorde divine.
Troisième pas : Le côté transpercé

« Les soldats allèrent briser les jambes du premier, puis de l’autre homme crucifié avec Jésus. Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; il en sortit aussitôt du sang et de l’eau » (Jn 19, 33-34).
La vie divine traverse la mort qui n’a pas le dernier mot. L’eau et le sang qui jaillissent du côté ouvert de Jésus l’expriment. À la résurrection, Jésus invite Thomas à y mettre sa main. Cette vie divine n’est pas intellectuelle, mais corporelle. Il faut en faire l’expérience par les pieds (les pèlerins d’Emmaüs), par les mains (Thomas), par le cœur et tout notre être. Les blessures affectent tout l’être, tout le corps. Les blessures de Jésus sont un refuge, une auberge, pour les nôtres. Nos cœurs s’unissent au sien et ensemble ils restaurent une vie nouvelle.
En silence, je contemple le côté ouvert et le Cœur de Jésus. Je le laisse s’unir au mien.
Daniel Régent sj., Réseau Mondial de Prière du Pape France
Merci pour ces paroles qui apportent du baume à mon cœur ! Souffrir, offrir les 2 F de souffrance au Seigneur et garder « sourire »