Trois pas dans la bible
pour vaincre la violence
Père Jean-Marie Dezon, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France En avril, nous prions pour une plus grande diffusion d’une culture de la non-violence, qui signifie un recours moindre aux armes de la part des États comme des citoyens.
La Bible décrit souvent l’état violent dans lequel se trouve l’humanité : les forces vitales et les puissances de mort se tiennent en un équilibre provisoire, voire en opposition. La violence est saisie à travers son effet majeur, la destruction de la vie physique ou sociale ; en ce cas, le terme est souvent associé à un autre qui signifie exploitation, oppression, dévastation, ruine. Les prophètes se lamentent sur l’état de violence dans lequel est plongé le peuple, et ils font appel au Seigneur qui seul peut remédier à cet état d’injustice : « Pourquoi me fais-tu voir la malfaisance ? Acceptes-tu le spectacle de l’oppression ? En face de moi il n’y a que ravage et violence… » (Habaquq 1,3).
Sans répit, les prophètes se font l’écho des cris des opprimés qui veulent être délivrés des hommes violents.
Face au déchaînement de violence, un idéal d’abandon parfait est toutefois présenté dans le portrait du serviteur de Dieu qui est enseveli avec les méchants « bien qu’il n’ait pas commis de violence et qu’il n’y eut pas de fraude dans sa bouche. » (Isaïe 53,9).
Si le cœur de l’homme est un vrai champ de bataille, le refus de la violence est toutefois l’attitude fondamentale du disciple du Christ, marchant à sa suite et recevant de lui l’Évangile de la Paix.
1° pas : Quitte tes habits de violence et deviens lumière

« Désormais ne se feront plus entendre ni la violence dans ton pays, ni, dans tes frontières, les dégâts et les brisements. Tu appelleras tes murailles ‘’Salut’’, et tes portes ‘’Louange’’ ». Isaïe 60,18
Comme tant d’autres prophètes, Isaïe appelle son peuple à quitter ses œuvres de violence et à ne plus se détourner de son Dieu, qui sauve et veut donner sa paix. Le cri de guerre qui n’apporte que destruction et ravage doit laisser place à la louange. Et Isaïe d’inviter Jérusalem : « Mets-toi debout, et deviens lumière ! » (60,1).
Quelles sont mes violences, intérieures ou extérieures, toutes les colères et non le désir de paix, toutes les zones d’ombres et non de lumière, qu’il me faut oser présenter à Dieu pour qu’il m’en libère ?
2° pas : Le roi David épargne son rival

« Avishaï dit à David : ‘’Aujourd’hui, Dieu a remis ton ennemi [le roi Saül] entre tes mains. Permets-moi donc de le clouer au sol d’un seul coup de lance. Je n’aurai pas à lui en donner un deuxième.’’ David dit à Avishaï : ‘’Ne le tue pas ! Qui pourrait porter la main sur le messie du Seigneur et demeurer impuni ?’’ » 1 Samuel 26,8-9
Deux rois sont en conflit pour régner sur Israël : le jeune roi David, et le roi Saül qui le pourchasse et veut le faire mourir. Or, pendant une campagne militaire, voici que Saül est à la merci de David. Loin d’écouter ses chefs militaires, David décide d’épargner son rival, refusant de répondre à la violence par la violence, et faisant ainsi preuve d’une grande maîtrise de lui-même.
Ai-je vécu des situations où j’ai laissé place à la paix plutôt qu’à la violence ? Dans mon quotidien, est-ce que je sais faire preuve d’assez de maîtrise pour porter la paix au lieu de la violence, le pardon au lieu de la vengeance ?
3° pas : Aimer ses ennemis

« Vous avez appris qu’il a été dit : ‘’Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.’’ Et moi je vous dis : ‘’Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes’’. » Matthieu 5,43-45
Jésus enseigne sur la montagne, entouré de ses disciples et de la foule qui s’est rassemblée. Il a proclamé les Béatitudes ; il mène la Loi de Moïse à sa perfection, invitant au dépassement de toute violence, exhortant à aimer ses ennemis et prier pour ceux qui nous font du mal. La douceur est alors une force ; l’amour du prochain désarme toute violence.
Quel(s) chemin(s) de conversion, de douceur, de confiance en Dieu, de foi me faut-il prendre ou découvrir pour pouvoir accueillir pleinement ces paroles de Jésus ? Qu’est-ce qui est, pour moi, le plus difficile dans cet appel de Jésus ? Et, quelle est, dès lors, ma prière ?
Père Jean-Marie Dezon, prêtre du diocèse de Gap, et le Réseau Mondial de Prière du Pape