Trouver la brèche pour amorcer le dialogue
Réseau Mondial de Prière du Pape en France
Catherine vit dans un village réputé pour son anticonformisme mais où, jusqu’à une période récente, chacun avait sa place, quelles que soient ses opinions. Peu à peu une population nouvelle est arrivée, porteuse d’une idéologie antisystème et excluant du même coup nombre d’habitants. Leur représentation forte au conseil municipal a scellé la cassure en deux du village. Comment entamer aujourd’hui le dialogue ?
Le pape François, dans son encyclique Fratelli tutti (203), nous porte à cette espérance qui nous permet de croire au dialogue en toutes circonstances : « La capacité de comprendre le sens de ce que l’autre dit et fait nourrit, bien qu’on ne puisse pas l’assumer comme sa propre conviction ».
Comment ces paroles du pape François pourraient être mises en pratique dans le cas présent ?
Le radicalisme de cette nouvelle population (25-35 ans) se traduit par le refus des institutions, de l’école, du système… L’idée est de reconstruire un autre monde. Face à ce radicalisme, la tentation est forte de répondre par un autre radicalisme et d’enclencher ainsi des rapports violents. Il nous faut trouver la brèche pour amorcer le dialogue.
Sur quelles bases un dialogue pourrait-il s’instaurer ?
Il ne faut pas refuser d’emblée les remises en cause et nous devons ou pouvons accepter qu’il y ait des transformations profondes à apporter au système actuel. Mais tout abattre du passé n’est pas une solution. Si l’école n’est pas parfaite, elle est indispensable : alors cherchons des voies pour la transformer. Si la démocratie représentative n’est pas la panacée, la démocratie directe pose aussi des questions. Là encore cherchons en commun des solutions. Mais refusons les partis pris sans nuance qui font fi de toutes les expériences passées et heurtent de plein fouet toute une population.
Soyons persuadés que les différences sont créatrices, elles créent des tensions et dans la résolution d’une tension se trouve le progrès de l’humanité. (FT 203)
Y a-t-il dans le village un vrai désir de dialogue ?
Depuis les dernières élections municipales où nombre de représentants de cette tendance radicale ont été élus, les positions des uns et des autres se sont, elles aussi, radicalisées. D’un côté comme de l’autre, « celui qui ne pense pas comme moi est un ennemi ». Retrouver le dialogue demandera du temps, il faut que chacun ait envie de comprendre l’autre et de chercher des points de contact. Pour le moment la tentation du repli est forte et pour certains le refuge dans le conservatisme. Mais en participant à des actions très concrètes, hors de toute idéologie, une brèche peut s’ouvrir et nombre de préjugés tomber.
Le dialogue que prône le pape est un chemin de crête. N’est-ce pas utopique ?
Il s’agit effectivement d’un vrai défi : dialoguer tout en ne cédant rien sur ses valeurs. La recherche du bien commun et non le triomphe d’une idéologie suppose en premier le refus de toute exclusion de l’autre.
Propos recueillis par l’équipe du Réseau Mondial de Prière du Pape en France