Un itinéraire dans les Évangiles avec Jésus et les femmes
P. Daniel Régent sj, directeur Equipe FranceAppelés à prier
« pour les femmes victimes de violence, afin qu’elles soient protégées par la société et que leurs souffrances soient prises en compte et écoutées. »
nous vous proposons de contempler Jésus en relation avec des femmes rencontrées et d’entrer dans un itinéraire priant .
Jésus n’a pas recherché la compagnie des femmes. Il n’en a pas appelé afin de les envoyer parcourir la Palestine comme disciples. Mais il s’est laissé approcher et la relation avec elles a toujours été d’une particulière densité, d’une grande intimité. Ces relations sont un modèle pour tous.
Pas 1 : Jésus se laisse déplacer

Voici qu’une Cananéenne, venue des territoires [de Tyr et Sidon], disait en criant [à Jésus] : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. »Mais il ne lui répondit pas un mot. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Fais-lui grâce, car elle nous poursuit de ses cris ! »Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » Elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! »Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. »Elle reprit : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »Jésus répondit : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie. Mt 15, 22-28
Extérieurement il y a de la rudesse dans cette rencontre. Pour Jésus cette femme est une étrangère et il a été envoyé au peuple d’Israël. Son silence d’abord puis sa réponse ne laissent rien espérer. La Cananéenne ne se démonte pas et présente le bon sens de la vie quotidienne. Jésus est touché car cette femme lui montre que la frontière entre les Juifs et les païens n’est pas étanche et que ceux-ci sont en attente des fruits d’Israël. La question de la santé de sa fille reste présente, mais elle s’inscrit dans une perspective large. Jésus est saisi par la profondeur de cette femme. Il se laisse enseigner par elle ! La guérison surgit comme un trésor au cœur de cette rencontre. L’attitude des disciples était à l’opposé : le don de Jésus n’aurait pas eu valeur et qui plus est porteur de mépris.
Dans ma vie, m’est-il arrivé(e) d’être témoin d’un dénouement inattendu source de bien être pour tous ? Dans mes relations, m’arrive-t-il de sentir que je peux interpeller quelqu’un plus avant, avec respect, malgré une première réponse qui prend à contre-pied ? Puis-je ne pas m’arrêter à une certaine déconvenue ?
Pas 2 : Le respect

Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi.Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » Jn 4,1-30
La rencontre de Jésus et de la Samaritaine est fortuite. Jésus pouvait éprouver comme une nécessité de passer par là :
« Il lui fallait traverser la Samarie » (Jn 4,4)
C’est lui qui fait le premier geste en demandant de l’eau. Sur la croix, il demandera aussi à boire. Jésus ne joue pas au sauveur tout puissant. Il l’est et il est fatigué. En invitant cette femme à donner de l’eau au pauvre qu’il est à ce moment-là, il va lui permettre de découvrir une source en elle qui bouleverse sa vie :
« Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? » (Jn 4,29)
Son histoire peu glorieuse devient source de témoignage. Elle n’a plus peur. Le respect mutuel, malgré des horizons si différents a permis de réaliser cela.
Quel est la place du respect du mystère de l’autre dans mes relations ? Suis-je comme la Samaritaine au début de la relation qui a des catégories toutes faites :
« toi, un juif, … moi une Samaritaine » Jn 4,9 ?
Pas 3 : Quand les femmes prennent le relais

« Il y avait là [au calvaire] de nombreuses femmes qui observaient de loin. Elles avaient suivi Jésus depuis la Galilée pour le servir.Parmi elles se trouvaient Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée » Mt 27,55-56
« Après le sabbat, à l’heure où commençait à poindre le premier jour de la semaine, Marie Madeleine et l’autre Marie vinrent pour regarder le sépulcre » Mt 28,1 […] « Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue. » Elles s’approchèrent, lui saisirent les pieds et se prosternèrent devant lui. Alors Jésus leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront » Mt 28,9-10
Les quatre évangélistes soulignent la présence des femmes à la mort de Jésus et après le sabbat au tombeau. Leur présence fait un écrin pour recueillir l’événement le plus précieux de toute l’histoire humaine. Elles sont témoins à l’intime de leur être de la mort et de la vie. Et ce sont elles qui reçoivent la charge d’en porter la nouvelle aux disciples avant que ceux-ci ne soient envoyés jusqu’au bout du monde en publier le message.
Saint Jean apporte une nuance : alertés par les femmes, Pierre et Jean vont au tombeau. Entrant après Pierre, Jean
« il vit et il crut » Jn 20,8.
C’est lui qui avait reposé sur la poitrine de Jésus pendant la Cène. L’intimité peut être donnée à tous. Mais il ne faut pas oublier la place particulière des femmes.
Comment au sein de l’Église je peux reconnaître des charismes donnés davantage aux uns qu’aux autres ? Comment suis-je nourri(e) d’une manière différente selon ces charismes ? Que puis-je dire de l’apport particulier des femmes ?
P. Daniel Régent sj, directeur Equipe France