Un prêtre burkinabé témoigne
Un prêtre burkinabé
En lien avec l’intention de prière de ce mois et en solidarité avec le Burkina Fasso qui traverse une période d’instabilité et de violences dans laquelle les chrétiens semblent être pris pour cibles, nous vous donnons des extraits de la lettre d’un prêtre burkinabé. Il témoigne de la réalité de sa mission auprès des autres habitants. Il demande et compte sur nos prières pour lui-même, pour son pays.
« Chers amis,
[…]La liste de nos souffrances est longue et nos larmes ne se tarissent pas. Nous ne savons pas où mettre la tête. Partout c’est la désolation et les douleurs, la peine et le deuil.
Notre pays est attaqué de partout et les forces du mal visent à interrompre la cohésion sociale et aussi à mettre le désarroi en nos cœurs. Ils veulent créer des violences inter ethniques et communautaires entre les gens. Ils prétendent parler une langue d’une ethnie afin de faire porter le chapeau à l’autre ethnie et ainsi nous mettre les uns contre les autres. Et pourtant notre pays est un pays qui a vécu pendant des années et très longtemps dans la paix et dans la cohésion pacifique. Si les uns visent les peulhs, et d’autres les mossis, il ne faut pas que nous nous trompions d’ennemis en accusant nos frères. Nous avons toujours vécu ensemble dans une atmosphère pacifique et de tolérance religieuse entre les différentes religions ici.
L’Église est attaquée certes mais elle ne va pas baisser les bras et reculer car notre foi est en Dieu et notre espérance est grande. Nous allons continuer à porter le message du Christ et le vivre. C’est le message de l’amour.
« Aimons-nous les uns les autres »
nous a-t-il dit ! Nous aimerons ceux qui nous persécutent et nous font souffrir malgré tout. Nous voulons rester fidèles au message du Christ. Nous prions pour la conversion des pécheurs et des gens qui nous font souffrir chaque jour. C’est un impératif chrétien. […]
Comment leur redonner de l’espoir et leur aider à croire en ce Dieu Silencieux ? Moi, j’aide autant que je peux avec les moyens que j’ai à ma disposition. Je privilégie l’écoute, les laisser vider leurs cœur, leurs sacs avec tout ce qu’ils contiennent. Je balbutie surtout quelques mots, et puis souvent ce sont des sanglots de la personne qui me font verser quelques larmes à mon tour pour une communion profonde à ce qu’elle vit et traverse. J’essaie de me mettre dans les bottes de la personne en face de moi et de ressentir avec elle sa douleur dans la prière et dans la foi en Dieu qui nous aime tous. Le silence même devient une puissante prière, une parole qui libère et guérit. On prie ensemble et on boit un verre d’eau et l’on se donne rendez-vous une autre fois. Certains ont besoin d’aide matérielle et un peu de quoi acheter à manger. J’ai sélectionné mes habits et les ai distribués à ceux qui en avaient le plus besoin. Des étudiants ayant fui sans rien emporter. Actuellement la ville de Ouagadougou est gonflée de réfugiés venant des villages attaqués par les terroristes. Quand un village est attaqué, les habitants des autres villages fuient pour éviter leur tour. Et actuellement le gouvernement a du mal à prendre toutes ces personnes en charge car ils sont nombreux et même le problème d’eau potable et de logement se pose avec acuité.
Cette année est une année difficile pour nous. Au regard de ce que traverse le pays il nous faut travailler ensemble dans la cohésion pour repousser l’ennemi. La collaboration de tous est nécessaire. C’est dans des situations difficiles et dures comme ce que nous traversons que je me rends compte de notre mission : Témoigner en actes et en paroles de Jésus et de son amour pour tous ! Etre la personne disponible pour chacun et pour tous. Donner de mon temps, de moi-même chaque jour un peu plus pour mes frères en difficultés et qui ont besoin de moi. Là je me suis rendu compte que cela implique un dessaisissement de soi et un don de soi total. Prêter ses épaules à d’autres pour pleurer et pour décharger les poids. Annoncer la parole qui console et qui consolide, qui réconforte, redonner espoir et aider à se remettre debout malgré les souffrances infligées. […]
Je compte sur vos prières et votre soutien pour cette mission commune. »
Un prêtre burkinabé