Un prêtre fatigué mais heureux
Marie Dominique, Equipe France
Le P. Guillaume est prêtre depuis 6 ans, chargé de la Pastorale des jeunes du diocèse et vicaire au centre-ville de Toulouse. Avouant être un prêtre fatigué mais heureux, il témoigne pour nous de la façon dont il accueille cette intention du Pape François « Pour que les prêtres qui souffrent de la fatigue et de la solitude dans leur travail pastoral, soient aidés et consolés par l’amitié du Seigneur et de leurs frères. »
RMPP – Quand vous entendez cette intention de prière du Pape, comment réagissez-vous ?
Quelle belle intention ! Cela veut dire que le Pape entend bien ce que vivent les prêtres. Leur fatigue et leur solitude sont une réalité, même chez des jeunes, en raison des multiples responsabilités qui leur sont confiées, parfois trop vite.
RMPP – Êtes-vous témoin de ces souffrances chez des frères prêtres ?
D’abord il y a la question de la charge qui pèse. Aujourd’hui les prêtres ont des territoires très étendus, surtout à la campagne, et ils courent partout. En ville, ou même en banlieue, c’est un peu différent, mais la charge demeure.
Il y a aussi une forme d’incompréhension entre les générations : des jeunes prêtres se sentent parfois incompris de leurs aînés, et inversement. Je pense également aux prêtres qui sentent des réticences à leur arrivée dans une paroisse. C’est très douloureux…
RMPP – Et vous-même, qu’est-ce qui vous fait souffrir ?
La tentation du découragement. On a beau savoir qu’il ne faut pas se baser uniquement sur les chiffres, il y a des réalités difficiles à vivre. Quand sur les 4000 lycéens de la paroisse en centre-ville, il n’y en a que 40 inscrits à l’aumônerie, et pas même 10 aux rencontres, je me demande souvent si je ne serais pas plus utile ailleurs. Souffrance aussi face aux gens qui ont des choses tellement lourdes à porter, alors que je n’ai que l’écoute et la prière pour les soulager !
RMPP – Qu’est-ce qui vous aide à tenir dans ces cas-là ?
D’abord je me suis fixé un rythme de base. Chaque jour je suis fidèle à mon temps d’oraison du matin et à la relecture en fin de journée. Chaque semaine, je prends une journée de repos (lundi) dans une abbaye, une matinée à la piscine, et un repas en famille le dimanche soir. Par ailleurs les vacances sont sacrées – 3 semaines indispensables en été pour se ressourcer vraiment – mais aussi une retraite dans l’année. Il est important d’avoir une vie équilibrée.
Et puis il y a toutes les rencontres entre prêtres, dans le doyenné par exemple, où nous partageons la mission, le repas ; sans parler des moments ecclésiaux forts, la messe chrismale du Lundi Saint par exemple. Tout cela est extrêmement précieux pour se ressourcer.
RMPP – Le Pape François parle du soutien de l’amitié dans son intention, qu’en est-il pour vous ?
Ce n’est pas toujours facile de trouver le temps d’honorer les invitations des amis, à cause des nombreuses activités du ministère. Mais j’essaie d’y répondre, davantage pendant les vacances. J’aime aussi découvrir que des amis me portent dans leur prière. Le Pape parle d’être consolé par l’amitié des frères, mais aussi par celle du Seigneur, celle que nous vivons dans les sacrements : l’Eucharistie, la confession… C’est pour moi la source d’une grande joie ! Certes il m’arrive d’être un prêtre fatigué parfois, mais un prêtre heureux, toujours !
Interview réalisée par Marie Dominique, Equipe France