Une alliance à l’image de celle de Dieu pour l’humanité
Kostia de Leusse sj, et le Réseau Mondial de Prière du Pape en France« Prions pour les jeunes qui se préparent au mariage avec le soutien d’une communauté chrétienne : qu’ils grandissent dans l’amour, avec générosité, fidélité et patience. »
Le crépitement du feu nouveau que crée l’émerveillement du sentiment amoureux est appelé à se consolider. De l’émerveillement des débuts, des attitudes de fond se concrétiseront. Cette consolidation crée une alliance entre l’homme et la femme. Cette alliance est cette parole qui surgit surtout de leurs différences. Elle est à l’image de celle de Dieu vis-à-vis de l’humanité. Vivre cette alliance fait rentrer dans une espérance qui permet de reconnaître le jour nouveau après l’épreuve. C’est là l’œuvre de Dieu, l’être humain le découvre aussi au cours de son chemin de vie de couple.
Pas 1 : Le monde est habité de l’être aimé

« La voix de mon bien-aimé ! C’est lui, il vient… Il bondit sur les montagnes, il court sur les collines, mon bien-aimé, pareil à la gazelle, au faon de la biche. Le voici, c’est lui qui se tient derrière notre mur : il regarde aux fenêtres, guette par le treillage. Mon bien-aimé est à moi, et moi, je suis à lui qui mène paître ses brebis parmi les lis. « Pose-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras. Car l’amour est fort comme la Mort, la passion, implacable comme l’Abîme : ses flammes sont des flammes de feu, fournaise divine. » (Ct 2,8- 16 ; 8, 6)
Au commencement d’une histoire d’amour, il y a comme un feu brûlant le cœur. Un feu qui projette des étincelles sur le monde et le quotidien s’éclaire. Le monde est habité de l’être aimé, tout le relie à lui ou à elle. L’idée de se retrouver le soir, le week-end, illumine ce quotidien. Au commencement, tout semble rapprocher deux êtres qui s’aiment. Même le travail – celui de pasteur des brebis dans le cantique, comme tout travail professionnel – est à la fois ce qui éloigne et ce qui unifie le couple. L’aimé, sans être à ses côtés, sait en confiance être avec l’autre. Il sait qu’avec l’autre il ne fait qu’un.
Il est bon de savourer les images du Cantique des cantiques : le feu, les étincelles, les braises. Peu à peu, les deux premiers deviennent braises. La manière de vivre et de dire l’amour s’exprime plus en actes qu’en paroles, dans des moments de qualité, en cadeaux ou en services rendus, chacun à sa manière. Chacun avec son langage. La relation d’amour devient mature.
Je demande au Seigneur la grâce de découvrir comment l’amour des couples que je connais se transfigure et prend corps dans des gestes habités. Je savoure ces transformations en reconnaissant le prolongement et la consolidation du sentiment amoureux.
Pas 2 : Homme et femme il les créa

Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance… » Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds et multipliez-vous… » (Gn 1, 26-28)
Le dicton dit bien : qui se ressemble s’assemble. Souvent le moteur du couple est d’abord nourri par les aspects identiques de chacun : mêmes centres d’intérêt, mêmes passions. Mais cela peut éclipser peu à peu la relation. Celle-ci souffre alors d’un manque de communication. Les motivations pour les passions communes peuvent doucement diverger, et cela peut être difficile à reconnaître et à signifier. L’homme et la femme ne voient pas le monde de la même manière : leurs goûts ne sont pas identiques et c’est une richesse. Cette différence les met en état de parler et de se parler. Ils ont à construire des ponts au-dessus de l’abîme, paroles d’alliance qui fécondent la vie en société. La bénédiction divine les assure dans cette aventure.
Se ressembler trop séduit, pousse à la fusion et parfois à la confusion ; en revanche, la différence parlée consolide et unifie le couple. Voilà la bénédiction – dire du bien- , Dieu dit du bien de la différence entre l’homme et la femme car cela les invite à faire advenir de la parole entre eux, le verbe de Vie, le pont l’alliance. Ainsi ils seront des gens qui veulent, comme Dieu, se donner toujours plus intensément et profondément l’un à l’autre.
Je prends le temps de contempler les couples que je connais, je regarde les différences qui les habitent. Comment en font-ils des expériences vivifiantes ? Quels ponts, quelles ouvertures offrent-ils à la société ? Quels remerciements, quel témoignage puis-je leur faire remonter ?
Je demande la grâce de jeter des ponts entre les êtres, d’ouvrir des chemins de paroles.
Pas 3 : L’être aimé encourage et relève

« Vois, l’hiver s’en est allé, les pluies ont cessé, elles se sont enfuies. Sur la terre apparaissent les fleurs, le temps des chansons est venu et la voix de la tourterelle s’entend sur notre terre. Le figuier a formé ses premiers fruits, la vigne fleurie exhale sa bonne odeur. Lève-toi, mon amie, ma toute belle, et viens… » (Ct 2, 10b – 13)
Le couple a pour vocation de ne faire qu’une chair et de se soutenir. Regardons dans le Cantique des cantiques l’attitude de l’être aimant : il reconnaît les temps difficiles, la saison rude, mais il attend et s’émerveille du changement. Il montre les fleurs et les fruits qui arrivent, il se rend attentif à la frêle voix de la tourterelle. Le temps des chansons est venu, le temps de chanter à l’unisson probablement. Dans les temps difficiles, l’être aimé sait prendre sur lui et sait montrer les signes des temps meilleurs qui approchent. Mieux encore, « lève-toi mon amie ma toute belle et viens », il encourage, il relève.
Je prends le temps de regarder comment des conjoints s’encouragent mutuellement en pointant ce qui est en croissance chez l’autre. Et cela sans mentir mais en pleine connaissance de cœur, espérance et confiance intérieure.
Est-ce que je sais, moi aussi, poser mon regard et partager les signes avant-coureurs du printemps qui vient, du meilleur à venir ?
Je demande la grâce de progresser dans les attitudes d’encouragement et de relèvement pour re-susciter motivation et enthousiasme.